Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Karak Vanne
30 septembre 2012

Saison 1 - Episode 7 - Le Rat et le Corbeau

            Arzhiel pénétra dans la salle d’eau sans se donner la peine de frapper en brandissant devant lui un rat bien gras qu’il tenait par le bout de la queue. Il regretta aussitôt son intrusion lorsqu’il aperçut Elenwë sortant de son bain. L’elfe sculpturale aux formes généreuses passa nonchalamment la main dans sa longue chevelure blonde en regardant son époux d’un air indifférent. Arzhiel ne put s’empêcher de grimacer face à un physique si peu engageant à son goût en comparaison de celui des naines grasses et velues.

 - Vous avez une raison particulière de débarquer ici armé d’un immonde rat, mon tendre, ou vous ne vous souvenez plus de l’effet de mon sort de « Brûle-Fesses » ?

- Je peux savoir pourquoi je trouve un rat gros comme mon poing au milieu de mon auge dès le troisième petit déjeuner ? questionna le seigneur d’un ton impatient.

- Parce que les nains mangent n’importe quoi ? avança l’elfe d’un ton ironique.

- Ah, ne vous fichez pas de moi ! Regardez-le ! Ce rat a une barbe ! Vous trouvez ça normal ?

- Presque aussi normal que le dédain que vous m’inspirez, mon amour.

- Je vous ai répété mille fois de ne pas changer mes soldats en animaux ! C’est déjà assez le foutoir en temps normal pour que vous y ajoutiez une ménagerie. Bon, c’est lequel celui-ci ?

             Le rat remonta le long du bras de Arzhiel et alla lui grignoter l’oreille. Le seigneur de guerre le détendit d’une pichenette dans la tête et le fourra sous son aisselle pour le calmer.

 - Le petit gros avec une barbe qui sent la bière et le ragoût de champignons, fit l’elfe nue.

- Ouais, c’est ça, moquez-vous. Je ne sais pas ce qui me retient de vous coller Svorn aux miches avec un procès pour sorcellerie. Vous savez qu’il est pas jouasse sur le sujet, le copain ! Alors, c’est qui ?!

- Votre maître d’armes, répondit innocemment Elenwë en se rhabillant.

- Quoi ?! Brandir ?! Mais vous êtes barrée ?! Je fais comment pour défendre le Karak avec mon meilleur guerrier changé en rongeur ?!

- Le meilleur ? J’imagine le niveau des autres…

- Bon, le moins pire de mes guerriers. Et il vous a fait quoi pour avoir droit à ce privilège ?

- Il m’a coupé la parole à table. Deux fois. Et quand je lui ai proposé de me faire le baise-main hier, il a vomi à mes pieds !

- Ouais, mais vous aussi ! Vous prenez tout au pied de la lettre. Brandir est un goinfre et la nourriture est sacrée pour lui. Il vous faisait peut-être une offrande de ce qui lui était le plus cher. Ah, ah ! Vous n’aviez pas pensé à ça !

             Elenwë se redressa, le regard acéré, la magie crépitant entre ses doigts.

 - Oulà, c’est bon ! On peut discuter, quoi ! Il était sûrement malade ou ivre. On s’en fout ! Rompez le charme, quoi.

- J’accepte si vous me donnez une descendance, répondit l’elfe en faisant une moue coquine.

- Hein ? Quoi, maintenant ? Non, ça va pas être possible, je viens juste de manger. Vous ne voudriez pas qu’un autre nain gerbe sur vos pieds ? Ce serait ballot.

             Arzhiel eut juste le temps de sortir de la pièce avant qu’une boule de feu n’explose dans son dos. Il s’éloigna en toute hâte, ignorant les jurons en elfique qui le poursuivaient. Brandir le rat avançait en titubant sur son épaule, encore sous le choc de l’inhalation des dessous de bras de son chef. Arzhiel s’engageait dans un corridor lorsqu’une masse sombre lui tomba direct sur le nez. Un cadavre gluant de corbeau déplumé glissa par terre. Brandir se rua dessus pour s’y faire les dents.

 - Mais, c’est dégueulasse ! rugit Arzhiel, furieux. Mais pourquoi je prends un piaf crevé sur le coin de la pomme alors qu’on vit six cent pieds sous terre !?

- Gardez-le, seigneur ! s’écria Hjotra en passant devant en trombe. Il dira rien si c’est vous !

             Comprenant que c’était l’ingénieur qui venait de lui jeter ça, Arzhiel vit rouge et précipita sa hache sur le fuyard. Par chance pour ce dernier, il ne fut atteint que par la cognée et s’écroula après avoir rebondi contre le mur. Arzhiel lui sauta au cou pour l’étrangler.

 - Arrêtez, messire ! gémit Hjotra. Il va me tuer !

- Impossible. Je vous aurai buté avant. On ne balance pas de cadavre d’oiseau crevé sur la tronche de son seigneur !!!

- Hérétique ! hurla Svorn en débarquant à son tour, plus furieux encore qu’Arzhiel.

             Le haut prêtre repéra Hjotra au sol et lança une rune explosive avec colère. Il ne reconnut que trop tard le visage familier de son seigneur près de sa cible. Un éclair aveuglant traversa le couloir tandis que la magie foudroyait les deux nains. Une heure et quelques sorts de guérison après, Arzhiel observait ses deux lieutenants, l’un au gibet et l’autre au piloris.

 - Donnez-moi une raison de ne pas vous jeter aux loups, les petits comiques…

- Il a noyé Foudre Divine ! pesta Svorn en essayant de passer sa jambe au travers des barreaux pour donner des coups de pieds à Hjotra.

- C’était un pari, c’était pas exprès ! Comment pouvais-je savoir que les corbeaux ne nagent pas ?!

- Seigneur, libérez-moi deux secondes que je l’étripe ! Foudre Divine était mon familier !

- Par les orteils de Gazul ! Vous voulez dire que j’ai bécoté un corbeau clamsé, que j’ai morflé une rune d’éclair dans le derche et ai perdu la moitié de mes poils intimes pour un pari ?!

- Vous savez pas où je peux trouver un bouc, seigneur ? demanda Hjotra. J’ai perdu, faut que j’honore mon pari…

- Il est taré, messire ! beugla Svorn en voyant Arzhiel redevenir écarlate. Au bûcher ! Déjà ça fera du bien à tout le monde, ça fera un spectacle pour les gosses, c’est convivial, tout le monde le connaît. Et en plus, les dieux feront moins la gueule maintenant que j’ai plus de familier.

- Non, pas le feu. Vous avez vu le bonhomme ? Je vous raconte pas l’odeur sur les loques après. Dites…les dieux, ils sont pointilleux sur l’animal ? Parce que s’il vous faut une bestiole, ça tombe bien, j’ai justement un rat qui pionce dans ma poche.

- Faites voir ?...Avec un engin pareil, c’est un coup à choper une malédiction. Il est laid comme ma sœur….Et en plus, il sent fort le vomi. Oh, il a une barbe ! C’est pas banal, ça.

- Je peux voir ? s’exclama Hjotra tout excité. Je veux voir !

- Bon vous le gardez ou je vous le sers comme pitance ce soir ?

- Si ça peut vous débarrasser, seigneur. C’est d’accord. Il a un nom ? Foudre Divine II, ça va pas le faire avec un machin pareil. Aie ! En plus, il mord l’abruti !

- Bof, fit Arzhiel en toussotant. Sais pas…Appelez-le Vomi.

- Trop fort ! cria Svorn, conquis, pendant qu’Arzhiel s’éloignait discrètement.

- Je peux voir ? Dis, dis ? Je peux voir ? Hé, vous croyez qu’il sait nager ?

 

                       

Publicité
Publicité
Commentaires
Karak Vanne
  • Karak Vanne est une série humoristique se situant dans un univers médiéval fantastique, à mi-chemin entre Noob, Le Donjon de Naheulbeuk et la série Kaamelott. Elle raconte les mésaventures d'un clan de nains, de son seigneur et les boulets qui l'entourent.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité